Etude croisée des Sociétés Anciennes et des Paléoenvironnements de l’Altiplano.

Résumé: 

Le site préhispanique de Tiwanaku, situé dans le nord-est de la Bolivie, a fait l’objet de nombreuses études au cours des dernières décennies. Cependant, une grande partie du site reste inexplorée, laissant de nombreuses questions sur la localisation de gisements archéologiques denses, la nature de l'organisation urbaine, les stratégies de gestion de l'eau et les modifications anciennes du paysage.

Les mosaïques orthophotographiques et les modèles numériques d'élévation dérivés de l'imagerie de drones ont aidé à identifier les restes archéologiques et les monticules anthropiques. Les nouvelles prospections magnétiques produites avec un gradiomètre à césium ont été fusionné avec les cartes précédentes (fluxiomètre et gradiomètre à césium). L’intégration de cartes et de plans d’études archéologiques antérieures dans un système d’information géographique commun a permis de relier les anomalies géophysiques aux éléments d’architecture du site archéologique. La contribution des prospections EM et de la tomographie sismique combinée à des carottes sédimentaires a permis de reconstruire l'organisation et la nature des formations sédimentaires alluviales. Enfin, l’étude des carottes sur le lac Titicaca a permis de mettre en relation les modifications du paysage avec les principales fluctuations du lac Titicaca. Nos résultats démontrent un haut niveau d'organisation urbaine associant des bâtiments monumentaux à des espaces rituels ouverts et à des zones densément peuplées au cours de Tiwanaku IV (500-800 AD) et V (800-1100 AD). La complexité de l'organisation urbaine est également démontrée par les modifications du paysage, telles qu'un système de gestion de l'eau complexe et au moins trois terrasses augmentant la monumentalité de la pyramide d'Akapana. Nos études indiquent également que: i) vers 200 avant JC, les premiers monuments sont entourés d'anciennes rivières ; ii) entre 600 et 800 après JC (Tiwanaku IV), les canaux naturels ont été délimités artificiellement; iii) au cours de Tiwanaku V (800-1150 après JC), un système complexe de gestion de l’eau combinait les bâtiments culturels du noyau monumental, les canaux périphériques monumentaux et les anciennes rivières. Cette approche interdisciplinaire, innovante en Bolivie, permet de mieux comprendre l’un des sites archéologiques les plus importants des Andes.

 

Mots clefs : photogrammétrie; prospections géophysiques multi-technique, paléo-environnements fluviaux; carottes géoarchéologiques et géomorphologiques; Andes; Tiwanaku; Bolivie.

Auteur: 
Marc-Antoine Vella
Affiliation: 
METIS
Salle Darcy
Vendredi, 11 octobre, 2019 - 13:00