Circuits imbriqués : infrastructures hydrauliques et échelles de l’interdépendance dans le bassin du Pô, 1862-2003

Résumé: 

La protection des eaux douces est un des principaux défis mondiaux. Le gouvernement des systèmes hydriques, toutefois, se confronte avec une multiplicité d’usages imbriqués et d’intérêts en conflit, qui compliquent toute intervention planificatrice. Ce travail d’histoire environnementale vise à restituer et expliquer la trajectoire historique de cette imbrication, en suivant les transformations de la circulation de l’eau produites dans l’émergence puis l’affirmation d’une société urbaine et industrielle. La recherche se concentre sur le bassin du fleuve Pô, en Italie du Nord. Couvrant une surface de presque 80 000 km2 entre versants alpins et apenniniques et plaine alluviale, ce bassin correspond à une des régions à plus haute concentration d’industries, d’agriculture et d’élevage intensifs et d’urbanisation d’Europe. Villes, industries et agriculture dépendent lourdement de l’eau du bassin. Leur histoire au long des 19ième et 20ième siècles, en effet, est étroitement liée à la réalisation d’infrastructures hydrauliques à grande échelle (canaux d’irrigation, de navigation et de drainage, barrages hydroélectriques, aqueducs, endiguements) qui redirigent des flux d’eau importants à l’intérieur et à l’extérieur du bassin hydrographique. La construction de nouveaux circuits hydrauliques a impliqué la substitution d’anciens assemblages socio-hydrologiques avec des nouveaux et, à travers cela, la production de nouvelles échelles d’interdépendance. Dans cette intervention, je présenterai la problématique de cette recherche, ses méthodes et l’hypothèse d’interprétation, pour me concentrer ensuite sur un exemple de grande infrastructure hydraulique et ses conséquences sur les échelles de l’interdépendance socio-hydrologique.

Auteur: 
Giacomo Parrinello
Affiliation: 
Science Po Paris
Salle Darcy (Jussieu, tour 46-56, 3e étage)
Vendredi, 9 février, 2018 - 13:00